L'histoire du Beaujolais Nouveau
🍇 Le Beaujolais Nouveau : l’histoire d’un vin qui a appris à courir avant de marcher
Il y a des vins qui naissent doucement, en silence, dans des caves de pierres où le temps s’étire.
Et puis il y a le Beaujolais Nouveau.
Un vin qui n’attend pas. Un vin qui claque la porte. Un vin qui déboule dans la pièce comme un feu d’artifice mal élevé.
Ce soir, j’avais envie de remonter au tout début.
Au moment où tout a basculé. Quand le Beaujolais Nouveau n’était encore qu’un vin pressé, avant de devenir une fête planétaire, une nuit blanche en bouteille.
Le premier cri du Beaujolais Nouveau
Avant 1951, le futur “nouveau” n’a pas de nom. C’est juste un vin primeur, tiré vite fait, bu en local.
Les vignerons se partagent les premières cuvées entre eux, les bistrots lyonnais les servent en douce aux habitués, les vendangeurs trinquent pour célébrer la fin du travail.
Un vin du moment. Un vin de joie brute.
Puis arrive le décret du 13 novembre 1951. Ce petit bout de papier administratif, banal, sec, sans poésie va déclencher l’une des fêtes les plus absurdes et les plus géniales du monde du vin.
Le décret dit, en gros :
“Ok, les gars, vous pouvez vendre une partie de votre Beaujolais avant le 15 décembre.”
Ça a l’air anodin. C’est une révolution.
Du jour au lendemain, les cavistes, les négociants, les cafés, les brasseurs de bonne humeur se mettent à courir. On veut être les premiers à avoir le vin tout frais.
Les premiers à sabrer la nouvelle récolte. Les premiers à dire :
“Le Beaujolais Nouveau est… arrivé !”
Personne ne sait encore que cette phrase deviendra mythique.
À ce moment-là, on est juste excité. On débouche dans la précipitation. On goûte. On s’embrasse. On renverse. On rit.
La toute première sortie officielle ? Un chaos délicieux. Des camions chargés à la hâte. Des vignerons qui partent livrer de nuit. Des cafés lyonnais qui remplissent les verres avant même d’avoir mis les étiquettes.
L’instant est historique sans le savoir. Le Beaujolais Nouveau vient de naître. Il ne marchera jamais :
il courra.
L’emballement : quand le Beaujolais devient un sprint mondial
Dans les années 60,70, l’idée prend de l’ampleur. On se refile l’info comme un secret gourmand :
“Eh, tu sais quoi ? Le nouveau arrive jeudi.”
Et puis Georges Duboeuf entre dans la danse, avec son sourire de négociant visionnaire.
Il comprend que le Beaujolais Nouveau n’est pas juste un vin :
c’est un événement.
Il met des fleurs sur les bouteilles. Il organise des arrivées express. Il fait partir des cargaisons en avion. Il appelle les journalistes. Il invente, sans le savoir, le premier “drop” de l’histoire du vin.
Les années 80 ? Un délire. On voit débarquer des caméras à minuit devant des bars parisiens.
Les premiers tonneaux arrivent sur les quais de Tokyo. À Londres, les cavistes attendent les livraisons comme on attend un concert des Rolling Stones. Aux États-Unis, on sert le Beaujolais Nouveau avec des hamburgers pour le Thanksgiving. Et partout, mais vraiment partout, on répète :
“Le Beaujolais Nouveau est arrivé !”
C’est une phrase qui claque comme une baguette sur une cymbale. Un coup de tambour. Un signe. Une permission de faire la fête.
La fête : une nuit qui dure depuis 70 ans
La sortie du Beaujolais Nouveau, c’est devenu un rituel planétaire.
Un mix de tradition, de marketing assumé, de plaisir simple et de nostalgie.
Il y a toujours :
Des fanfares dans les villages du Beaujolais, des tablées pleines de charcuterie qui disparaît trop vite, des gens qu’on ne connaît pas et qu’on tutoie au bout de trois gorgées, des bars qui font leur pic de l’année, des étudiants qui goûtent leur premier “vin de fête”, des vieux de la vieille qui disent “c’était mieux avant” et des bouteilles qui circulent comme des lampions
Le Beaujolais Nouveau, c’est le seul vin qui met tout le monde d’accord… sur le fait qu’on n’est pas d’accord.
Certains l’adorent, d’autres le détestent, mais tous reconnaissent une chose :
c’est un moment. Un moment qu’on a envie de vivre.
Parce qu’il annonce la fin de l’automne. Parce qu’il ouvre la saison des raclettes.
Parce qu’il dit : “On a bossé dur. Maintenant, on souffle.”
Parce qu’il ramène une notion que le monde du vin oublie trop souvent :
la joie.
Oui, la joie simple. Pas la performance. Pas la posture. Juste la joie.
Mon avis ?
Qu’on se le dise : le Beaujolais Nouveau n’est pas un vin pour se la raconter.
C’est un vin pour se marrer. Pour trinquer. Pour dire “on y est arrivés, encore une fois”. Pour se rassembler autour d’un goût un peu fou, un peu vif, un peu imprévu.
C’est le petit frère turbulent d’une région qui fait aussi des crus magnifiques. C’est le gamin qui court dans les couloirs pendant que les adultes dégustent en silence. Le Beaujolais Nouveau, c’est un vin qui arrive toujours trop tôt…… mais jamais trop tard.



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